GP_StrasbourgPeu de temps après la mort accidentelle de Jean Bugatti le 11 août 1939, tout va hélas se gâter. La guerre est déclarée le 3 septembre 1939, au moment même où se déroule à Belgrade le dernier Grand Prix avant fort longtemps.
 
 

Les pétarades des moteurs de courses vont alors se taire et laisser la place aux bruits des canons. La quasi-totalité de la population de Strasbourg est évacuée. Occupation, destructions massives, déchirures, la vie ou plutôt la survie est la priorité d’un quotidien ou l’automobile sportive disparait.
 
 
La renaissance

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Alsace située au cœur de ce conflit est dévastée. Après l’annexion, les confiscations, les incorporations de force, les pertes humaines considérables, les destructions et les innombrables traumatismes, l’Alsace en ressort totalement KO.

L’industrie automobile Alsacienne pourtant riche des plus beaux fleurons d’avant-guerre, tels Mathis, Bugatti, ou de Dietrich est anéantie.

L’Automobile Club d’Alsace (Né en 1900) est complètement sinistré. Le siège acquit en 1939, situé au 5 Avenue de la Paix, qui avait été réquisitionné par les Nazis est dans un état de délabrement total. Mobilier, archives, listes des membres tout a disparu. Il ne reste strictement rien. L’ACA repart de zéro en Août 1945. Quelques membres du Comité d’avant-guerre réunis par M. Paul-Ernest Koenig, qui avait été élu Premier Vice-Président peu avant les hostilités, décident de sortir l’Automobile Club du néant.
 
 
Paralysé pendant six ans, le sport automobile sort de la tourmente anéanti, frappé dans ses membres et dans ses ressources matérielles. De grandes figures ne sont plus, comme Robert Benoist, Williams et bien d’autres morts pour la France. Les usines sont en cendres, d’autres sortent à peine de profonds bouleversements.

Le 9 septembre 1945, soit quatre mois seulement après la fin des hostilités se déroulent dans les allées du bois de Boulogne les Coupes de Paris.
Venu en Royale, Ettore Bugatti, par l’intermédiaire de Jean-Pierre Wimille, assiste à ce qui sera la dernière victoire de sa marque. Le moment est particulièrement émouvant lorsque le ‘Patron’ reçoit la coupe des mains de Madame Garnier, la fille de l’illustre Robert Benoist.

Dès 1946, des compétitions automobiles s’organisent. La preuve en est qu’il faut refréner l’élan des organisateurs pour éviter de trop charger le calendrier 1947. Les voitures ne sont pour le moment pas assez nombreuses, mais tout renait, des nouveautés commencent à sortir ou sont annoncées, suscitées par la soif de progrès des constructeurs.
 

Fondée en juin 1946 sur les ruines de l' A.I.A.C.R. (Association Internationale des Automobiles Clubs Reconnus), la F.I.A. (Fédération Internationale de l'Automobile) reprend à son compte le règlement technique élaboré juste avant la guerre, lui donnant le nom de "Formule de Course Internationale". A l’automne 1946, la C.S.I. (Commission Sportive Internationale) décide que jusqu’au 31 décembre 1953, les cylindrées maximales sont fixées à 4.500 cm3 pour les moteurs atmosphériques et 1.500 cm3 pour les moteurs avec compresseurs. La formule 1 moderne vient de naitre. L’Allemagne n’est pas intégrée à la Fédération. Pilotes et voitures d’outre Rhin sont interdits de compétitions internationales.
 
Sur les circuits, derrière les quatre grands que sont Louis Chiron, Philippe Etancelin, Raymond Sommer et Jean-Pierre Wimille, les As du volant ont repris leur ronde, à Pau, à Nîmes, à Marseille et ailleurs en attendant le Grand Prix de L’A.C.F. lui aussi rétabli.
 
 
Au cours de l'année 1946, l'ACA avait envisagé d'organiser une compétition à Strasbourg. Le projet n'a pas été perdu de vue et l'épreuve pourrait avoir lieu au cours de l'été 1947 à une date qui lui été assignée par la commission sportive de l'ACF, soit le 3 août 1947.
 
1er Janvier 1947, l’ACA fusionne avec l’Auto-Moto-Club d’Alsace et de Lorraine. Dans la foulée, la nouvelle équipe annonce offcielement l'organisation le 3 août 1947 à Strasbourg même, le CIRCUIT AUTOMOBILE INTERNATIONAL DE VITESSE DE STRASBOURG qui mettra en ligne motocyclettes et automobiles avec les plus grands champions français et internationaux.
 
Une initiative extrêmement ambitieuse dont l’ACA assume l’organisation entièrement seule.
Un appel est lancé en faveur de la constitution d’un fond de garantie nécessaire à l’organisation de la manifestation. Les membres de l’ACA sont invités à verser 1.000 Francs à ce fond. Il s'agit d'un fond de garantie qui sera mis à contribution uniquement en cas de déficit. Au cas ou les recettes convriront les dépenses, les versements seront intégralement remboursés.
 
La volonté est forte de reconduire cette épreuve chaque année. En dehors du Grand Prix, l’Aca ressuscitera  le 7 septembre le ‘Circuit des Vosges’, une épreuve de régularité autos et motos de 350 km. Pour ouvrir la saison, l’ACA va patronner et organiser une épreuve sur le Circuit de l’Eiffel (Nürburgring) situé en zone française. Sous la présidence de M. de Boislambert, Gouverneur des Provinces Rhéno-Palatine à Coblence, l'épreuve sera pratiquement organisée par les forces françaises d'occupation. Elle doit montrer aux allemands qui, cette année déjà font courir une série d'épreuves devant un public innombrable et enthousiaste, qu'ils ne sont pas seuls à faire du sport automobile et que les alliés et les Français en particulier comptent des As du volant valant les meilleurs d'avant-guerre et servis par des mécaniques de tout premier ordre.
 
8 mars 1947, la "Commission d'Examens des Circuits" se rend au siège de l'ACA situé au 18, rue des Pontonniers pour inspecter l'itinéraire. Le Ministre des Travaux Publics donne son accord pour l’aménagement du circuit de Strasbourg sous certaines conditions concernant la protection du public et la remise en état du parcours. Les collectivités accordent 4 millions de francs à l’organisateur pour effectuer les travaux nécessaires.
 
Le Circuit de Strasbourg succède ainsi aux Grands Prix disputés sur le circuit d'Enzheim/Duppigheim et dont les succès fûrent retentissants.

Désormais, Strasbourg aura son circuit automobile, comme Reims, comme Monaco, comme Le Mans.
 
1947 gpstrasbourg presse
 
 
 
Bibliographie
Médiathèque André Malraux - Strasbourg
Les Dernières Nouvelles d'Alsace
Le Nouvel Alsacien
Journal d'Alsace
L'Humanité d'Alsace et de Lorraine
Revue Cigognes
Archives de la ville de Strasbourg
Archives du département du Bas-Rhin
Archives de l'Automobile Club d'Alsace
L'Equipe
La Revue Automobile
Der Spiegel
Action Automobile et Touristique
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