Les premiers lauriers d'une voiture japonaise au Mans

Datsun 240z André Haller-Maechler-Schuller Datsun est la première marque 100% japonaise à avoir foulé les terres mancelles pour les 24 heures du Mans (A noter que Datsun a disparu en 1984, puisqu’elle n’était que la marque d’exportation de Nissan !). Ainsi en 1972, Motor Racing Facilities Ltd présente au pesage une Datsun 240Z, arborant le numéro 47.

 

Une Datsun revient au Mans via un engagement Alsacien

En 1975, le nom de Datsun réapparaît sur la liste des engagés. Mais il s’agit cette fois d’un engagement francais et d’une voiture un peu particulière. Par l’intermédiaire de Hans Schuller, vainqueur sur Datsun de de l'East African Safari en 1971 et propriétaire de Nippon Speed Car GmbH, une officine allemande spécialisée dans la préparation des Datsun, le restaurateur Strasbourgeois André Haller a acquis une ex-Gr4 usine. Cette voiture reconnaissable à son nez aérodynamique ( Le G-nose, une option qui n’a jamais été disponible hors du japon) avait été préparé par l’usine pour concourir en Afrique du sud dans la Springbok Series. Après quelques courses la série fut annulée en cours de saison et cette auto resta en Afrique du Sud. Grâce à certaines accointances Hans Schuller semble avoir fait venir cette auto et il l'a vendue à André Haller. Celui-ci aurait participé à quelques course de côte en France, avec cette auto la, avant de l’engager pour lui même, Hans Schuller et Benoit Maechler pour l’édition 1975 ; Pour l’anecdote, cette voiture sera présentée avec le passeport FIA et l’immatriculation japonaise d’une Datsun 260 Z usine qui a participé aux rallye TAP et RAC en 1974 ! Le subterfuge ne sera pas mis à jour par les commissaires techniques. 
               Avec l'aimable autorisation de JFH
 
André Haller s'est souvent illustré avec sa Datsun 240Z. Pour y parvenir, son mécanicien, Jean-Claude Baethge, a souvent été amené à travailler avec ARMBRUSTER, le préparateur de la voiture de Schuller. Ce dernier souhaitait courir au Mans. André Haller et Benoit Maechler avaient le même désir. Tout s'est très vite passé. Les trois pilotes sympathisent immédiatement.
 

Benoit Maechler

Petit, Benoit Maechler rêvait à deux choses : Gagner les 24 heures du Mans et devenir champion du monde des conducteurs. Benoit Maechler a mit la main dans l'engrenage mais l'a retiré après deux ans de formule bleue.

"Je n'avais plus le temps de progresser, il fallait abandonner sa vie professionnelle pour tout consacrer à la course".

Mais le jeune technico commercial dans la scierie familiale de Soufflenheim, n'a pas abandonné l'idée de gagner un jour les 24 heures du Mans et

"Il ne me déplairait pas de disputer bientôt des épreuves du championnat d'Europe des GT. Il y a peut-être une place à prendre à côté de Hans Shuller ?".

Le pilote de l'écurie des Trois Epis s'efforce d'oublier ce nouveau rêve. Malgré son éternel sourire, on le sent tendu. Ses premiers pas parmi les grands seront difficiles.

"Je ne suis pas habitué aux vitesses astronomiques que l'on atteint dans la ligne droite des Hunaudières. Finalement que ce soit avec la NSU de mes débuts ou la MEP X27, je n'ai jamais couru aussi longtemps. Comment réagirai-je ? je l'ignore".

Benoit qui vient tout juste de se remettre d'une mauvaise grippe tremble comme un débutant. L'expérience d'André Haller et d'Hans Schuller apaiseront sans aucun doute la tempête intérieure et une fois au volant, pourquoi ne reviendrait-il pas lui-même, c'est à dire le pilote intrépide, fougueux et doué que l'on a connu en challenge NSU ou dés sa première année, il a bousculé la hiérarchie avant de se consacrer à la formule bleue. Il va donc participer pour la première fois à l'épreuve Mancelle aux côtés d'André Haller.

 

André Haller

Tous les gastronomes Alsaciens connaissent le baroudeur. Il a trainé ses guêtres sur tous les circuits et a même participé au Rallye Monte Carlo comme co-pilote.

"Pourtant, j'ai le trac pour la première fois".

Mais le sympathique Dédé en a vu d'autres. Nos deux Alsaciens qui se partageront le volant d'une Datsun avec l'allemand Hans Shuller, vainqueur de l' East African Safari en 1971 appréhendent les mêmes choses.

"Nous n'avons jamais conduit de voiture avec le volant à droite. Nous éprouverons sans doute quelques difficultés à changer les vitesses avec la main gauche, sans doute aurons-nous le temps de nous y familiariser lors des essais".

Se qualifier ? André Haller l'espère

"Il y a deux ans, lors des 24 heures du Mans avec ma Datsun, j'ai raté la qualification pour deux secondes. Avec une trois litres qui développe près de 300 CV, je pense qu'il ne devrait pas y avoir de problème"(Malgré des recherches, je n'ai aucune trace de cette non qualification -  Je continue les investigations -Thierry)

 

1er Objectif, la qualification

Pour se qualifier, chaque pilote doit réaliser un maximum de 133% de la moyenne des trois meilleurs temps, mais dans chaque groupe, on ne sélectionne qu'un certain nombre de voitures. Or le groupe 4 (Grand Tourisme Spécial) est le domaine des Porsche Carrera RS qui y seront représentées par une véritable armada. Les deux Alsaciens sont décidés à se battre, pour faire honneur à leur réputation mais aussi pour n'avoir aucun reproche de l'Allemand Schuller qui a accepté de partager le volant de la Datsun.

 

Les essais

La qualification ne peut s'éffectuer que sur 20 tours d'affilé pour que l'ont soit assuré que des réglages spéciaux inutilisables en course n'ont pas été employés à cet effet. Il faudra en outre que chaque pilote se qualifie individuellement, opération qui se déroulera de nuit. 71 candidates pour 55 places seulement. La tâche n'est pas simple pour les Rookies de la Datsun. 

Les pilotes vont surtout s'attacher à reconnaitre le circuit et à roder le moteur, mais du fait de la présence de nombreuses Porsche Carrera RS plus rapides et plus agiles, la qualification s'annonce difficile.

"Il nous manque un petit rien dans les Hunaudières" précise Benoit Maechler, lequel s'est vite familiarisé avec la conduite à droite de la Japonaise.

Son meilleur chrono est de 4.34.8 soit 178,690 km/h de moyenne à une seconde du temps de son coéquipier Schuller 4.33.7. André Haller refroidi par un tête à queue n'a tourné qu'en 4.59.3, temps suffisant pour obtenir sa qualification individuelle.

Hélas les chronos ne sont pas suffisants pour obtenir la qualification mais la voiture est la première suppléante.

Partirons-nous ou pas ? Théoriquement non pour 7/10eme de seconde, mais une voiture, l'une des Carrera engagée par Claude Haldi dont la coque s'est déchirée contre une glissière de sécurité lors des essais n'aura peut-être pas le temps d'être réparée pour le départ.

Les pilotes Alsaciens et le pilote Allemand gardent l'espoir et attendent un désistement. Ils sont sont anxieux, énervés et découragés. Yvonne Haller en bonne public relation, ne cesse d'haranguer la direction de course pour obtenir des informations. La Datsun no 72 est première suppléante mais contre toute attente, c'est une De Tomaso Pantera qui vient d'être repêchée.

André Haller et Benoit Maechler se révoltent.

"Hier, nous étions premiers suppléants et aujourd'hui, on nous rétrograde, c'est une douche froide".

Jean Bertsch est abattu, il range ses outils. Il est midi, dans la caravane, l'ambiance est morose et on néglige même le déjeuner.

A 14h10 très exactement, c'est la délivrance. Le speaker lance un appel "La Datsun no 72 est autorisée à prendre le départ à la place de la Porsche Carrera no 62". Les 48 heures d'attente au Mans sont oubliées.

 

La course

1er pilote, André Haller va tourné prudemment en 5'10. Le brillant Benoit Maechler prend le relais et augmente la cadence. Son meilleur tour est de 4'32 soit mieux qu'aux essais. Schuller qui lui succède remonte progressivement au classement. Ils sont 29ème après 4 heures de course. Hélas, il sont retardés par un changement de pont arrière qui commence à gripper. En dehors de ce contre temps la Datsun se montre fiable.

Datsun 240z André Haller-Maechler-Schuller


Benoit Maechler se montre particulièrement à l'aise, a tel point que son stand est obligé à plusieurs reprises de calmer son ardeur.    

L'équipage termine 26eme au classement général et 1er de la classe 2000-2500.

A l'arrivée, les pilotes sont rayonnants. La Datsun s'est montrée solide et fiable.

La Datsun Alsacienne est la première voiture Japonaise à s'illustrer aux 24 heures du Mans.

24h mans 1975 datsun no 72
Photo DR

 

DATSUN 240 Z 

fiche d'engagement recto / verso

26eme au classement général 

Cylindrée 2394 cc

253 Tours

3455,535 km

Moyenne 143,980 km/h

11eme du groupe GTS

1ere de la classe 2000-2500 

 

Bibliographie Dernières Nouvelles d'Alsace - Bernard Delattre 

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