McLaren F1

McLaren Cars Ltd, créé en 1989 pour perpétuer les rêves de Bruce McLaren, mit en chantier la voiture de route extrême. Gordon Murray, momentanément en réserve de la Formule 1, et Peter Stevens réalisèrent un chef d'œuvre d'esthétisme animé d'un magnifique moteur BMW grâce aux bonnes relations que l'ingénieur entretenait avec la firme de Munich pour avoir collaboré à la victoire de Nelson Piquet aux Championnats du Monde de Formule 1.

A cette époque, les GT se vendent comme des petits pains et se revendent encore mieux. Les Ferrari F40, « offertes » alors 3 millions de francs par la Scuderia, ainsi que les Porsche, font l’objet d’une spéculation effrénée. Jean-Marie Balestre, alors président de toutes les fédérations automobiles, revend la sienne 6 millions. Nigel Mansell, avec 10 millions, fait mieux que lui. Ron Dennis, le patron de McLaren International, demande alors à l’un des meilleurs ingénieurs de la F1 de concevoir cette auto haut de gamme.

Le Sud-Africain Gordon Murray, installé en Europe depuis plus de 25 ans, a réalisé les Brabham de Niki Lauda et Nelson Piquet - champion du monde en 1981 et 1983. Ce baba cool, ingénieur de génie, sait aussi mettre son espièglerie au service de la technique. A la fin des années soixante-dix, la recherche porte sur l’effet de sol Murray invente « l’aspirateur », un ventilateur qui plaque la voiture au sol. Tournant autour de ses rivaux, Lauda remportera le Grand Prix des Pays-Bas en 1978, mais la voiture sera aussitôt interdite (le règlement avait omis d’interdire les éléments mobiles de l’aérodynamique).

En 1987, Murray intègre l’écurie de Ron Dennis, Alain Prost et Ayrton Senna remportant chacun trois titres mondiaux au volant des autos de sa conception. La réglementation de la F1 laissant peu de place à la fantaisie, Gordon Murray, voit dans la conception de la voiture « parfaite » (dixit Ron Dennis le maniaque) un nouvel espace de liberté. A quarante-sept ans, il partage son temps entre sa maison de Chelsea, près de Londres, et son manoir périgourdin. Les yeux pétillants et la moustache rigolarde, il semble heureux du bon tour joué sur la piste mancelle.

Au prix de 5 millions de francs !! la McLaren F1 GTR n’est pas destinée à l'origine à la compétition.

La Supercar fut présentée en première mondiale en lever de rideau du Grand Prix de Monaco 1992. L'aménagement intérieur était original avec un poste de pilotage central, les passagers prenant place de part et d'autre légèrement en retrait. Les performances étaient si ahurissantes, 360 km/h !, que Ron Dennis et Gordon Murray accueillirent la proposition de clients privilégiés qui consistait à construire une version course dite GTR en vue de participer au nouveau Trophée BPR et pourquoi pas aux 24 Heures du Mans.

En l’absence de véritable règlement en courses d’endurance, un championnat « Endurance Grand Tourisme » - le BPR -, avec des épreuves de quatre heures, a vu le jour. Avant les 24 Heures du Mans, McLaren a réussi le sans-faute : six victoires en six participations !

Printemps 1995 : pressentie, la venue de McLaren est confirmée. Nouveau nom à l’affiche du Mans, vingt-neuf ans après que McLaren a inscrit son nom au palmarès (sur Ford).Une première série de sept voitures (châssis de 1 à 7), fut ainsi développée pour la saison 1995 :

La n° 59 victorieuse, pilotée par le trio Dalmas-Lehto-Sekiya, est d’ailleurs une McLaren « japonaise ». C’est Kokusai Kaihatso, l’importateur de Tokyo qui a engagé sa « voiture de démonstration ». Officiellement, pas de McLaren d’usine, donc. Toutefois, les autos, fabriquées dans les ateliers de Guilford (naguère annexe anglaise de Ferrari sous la direction de John Barnard), sont étroitement surveillées par les ingénieurs de Woking, la maison mère. Tout aussi discrètement, les techniciens de BMW ont veillé durant 24 heures sur leurs V12, avec force, matériel et ordinateurs. Car, et c’est le fin du fin, l’entreprise de Ron Dennis a signé l’an passé un contrat exclusif (avec échanges d’actions) avec... Mercedes ! De la sorte, la firme de Stuttgart participe au financement d’une auto mue par un moteur fabriqué à Munich. A la direction de la marque à l’étoile, on goûte peu ce genre de canular. Une McLaren-BMW qui remporte les 24 Heures du Mans, voilà une humiliation pire encore que le camouflet infligé par Peugeot en F1. Paul Roche, le patron de BMW Motorsport, pouvait jublier.


 


- châssis 1 : Voiture de développement. Propriété de Mc Laren Cars, pilotée par Dalmas / Lehto / Sekiya. Aujourd'hui propriété de McLaren Cars.

 


- châssis 2 : Engagé par GTC Motorsport, couleur Gulf Oil piloté par Belm / Sala / Blundell.

 

 


- châssis 3 : vendu à Thomas Bscher. Engagé par West Competition (David Price Racing),
couleurs Cigarettes West piloté par Bscher / Nielsen / Mass

 


- châssis 4 : vendu à Lindsey Owen Jones. Engagé par GTC Motosport, couleurs Gulf Oil, piloté par Owen Jones / Raphanel / Alliot.

 


- châssis 5 : vendu à Jean-Luc Maury-Laribière. Engagé par BBA Competition (Team Noel Del Bello) aux couleurs des Tuiles TBF. Laribière / Sourd / Poulain

 


- châssis 6 : vendu à la famille Al Fayed. Engagé par Rack One Racing (David Price Racing), couleurs Magasin Londonien Harrods piloté par Andy Wallace / Justin et Derek Bell

 


- châssis 7 : vendu à Mr Picard. Engagé par le Jacadi Racing, couleurs Elf 2 Jacadi, piloté par Giroix / Grouillard / Deletraz

 

 

Après deux heures trente de course, trois... McLaren mènent la danse !

Les McLaren profiteront des déconvenues de la Courage et d'une météo très pluvieuse qui a nivellé les performances. La démonstration est parfaite. Une voiture directement issue d'une version routière s'impose au Mans.


 

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