En 2014, Porsche a effectué son grand retour en sport automobile de haut niveau grâce à la 919 Hybrid, utilisant des technologies d'avant-garde. La marque allemande engagea deux exemplaires sur l’ensemble de cette saison du Championnat du Monde d'Endurance de la FIA (WEC).
 
 
 
Les 24 Heures du Mans étaient bien évidemment le point culminant de ce retour attendu.  
 
La réputation de Porsche en ces lieux fait des envieux parmi les marques automobiles puisque le constructeur allemand y a récolté un record de 16 victoires au classement général depuis 1970, année de sa première victoire absolue avec un prototype Porsche 917. Seize ans après la victoire acquise par Aiello-McNish-Ortelli et la Porsche 911 GT1 98 aux dépens de Toyota, Matthias Müller, Président du Conseil d'Administration de Porsche AG, a expliqué le choix de l’endurance et de son règlement révolutionnaire pour s’exprimer au plus haut niveau du sport automobile : "Ce n’est pas le concurrent le plus rapide qui va gagner, mais celui qui obtient le meilleur rendement avec une quantité d'énergie allouée. Un défi auquel l'industrie automobile doit faire face. La 919 Hybrid va jouer le rôle d’un laboratoire de recherche à grande vitesse. C’est la voiture de course la plus complexe que Porsche n’ait jamais construit."

Pour écrire une suite victorieuse à son engagement aux 24 Heures du Mans, Porsche a recruté de nombreux ingénieurs. Au final, en partant d’une équipe de cinq personnes, l’effectif chargé de la nouvelle LM P1 est passé à 200 personnes, placées sous la responsabilité de Fritz Enzinger, Vice-Président en charge du programme LM P1. Depuis le lancement, en 2011, du projet baptisé « Mission 2014, notre retour » Porsche a construit un bâtiment entièrement dédié à la 919 Hybrid à Weissach, en Allemagne, où tous les modèles sportifs de la marque ont été développés. Le nouveau règlement de la catégorie LM P1 donne une grande liberté aux ingénieurs et permet l’utilisation de technologies d'avant-garde s’appuyant sur des systèmes hybrides. Porsche a fait le choix d’un moteur de petite cylindrée. Ce choix, associé à des voitures de conception légère, motivait particulièrement le constructeur allemand dans sa vision de développement des futures générations de voitures sportives qui ont fait sa réputation et son succès.
 
 Les premières 919 Hybrid et leur décoration inédite, reprenant en partie le slogan « Porsche Intelligent Performance », ont été dévoilées à Genève en mars 2014 au côté de la nouvelle Porsche 911 RSR qui a continué à défendre officiellement les couleurs de la marque en catégorie GT par l’intermédiaire de Porsche Team Manthey jusqu’en 2015 (voir catégorie LM GTE Pro).
 
Le 12 Juin 2013, la 919 Hybrid faisait ses premiers tours sur le parcours d'essai de Weissach. Porsche est parti d’une feuille blanche : machines, matériaux, composants, simulateur de conduite, il fallut tout construire. Pourtant, la 919 Hybrid a été développée en un temps record sous l’œil de l'ancien Directeur Technique, Alexander Hitzinger, et d’une équipe de plus de 100 ingénieurs. Depuis la fin de 2013, Porche Team a multiplié les séances d’essais et les simulations d’endurance entre Magny-Cours, Monza, Le Castellet, l'EuroSpeedway Lausitz et Portimão. Deux autres tests ont été effectués à Sakhir (Bahreïn) et Sebring (Etats-Unis) en 2014 pour s’aligner dans les meilleures conditions au départ des deux premières courses du Championnat du Monde d'Endurance (WEC) qui ont précédé la 81e édition des 24 Heures du Mans. Côté pilote, Andreas Seidl, le team-manager de Porsche Team, a pu s’appuyer sur un ancien pilote junior Porsche et l’un des deux coéquipiers avec lequel il a remporté les 24 Heures du Mans avec Audi en 2010 pour composer le noyau dur des équipages amenés à piloter la 919 Hybrid en compétition : Timo Bernhard et Romain Dumas. Le Suisse Neel Jani a été recruté pendant l’été 2013, suivi par le médiatique Australien Mark Webber à l’automne. Après des tests en décembre, le jeune espoir néo-zélandais Brendon Hartley et Marc Lieb, autre pilote officiel Porsche ayant offert de nombreuses victoires à la marque en GT, notamment au Mans, ont été enrôlés dans le programme LM P1. Une équipe solide. Dans la 919 Hybrid, le nouveau moteur V4 turbo de seulement 2 litres de cylindrée, développé par Porsche et équipé d’une turbine récupérant l’énergie thermique des gaz d’échappements constitue la grande innovation de la catégorie LM P1. En comparaison, Toyota et Audi ont préféré augmenter la cylindrée de leur moteur pour abaisser le régime auquel la puissance optimale est disponible. Un deuxième système hybride récupère et restitue de l’énergie sur le train avant de la 919 Hybrid. Un pack de batteries lithium-ion, refroidies par liquide, assure le stockage de l’énergie récupérée par les deux systèmes hybrides. La 919 Hybrid offre ainsi à son pilote des phases d’accélération à quatre roues motrices.
Une solution qui s’est avérée très compétitive, notamment à Spa, puisque c’est une Porsche 919 Hybrid qui y a établi la pole position, menant même de main de maître le début de la course avant de céder un peu de terrain.
 
Si Porsche déclarait venir en 2014 pour apprendre, les Allemands, qui sont connus pour être des compétiteurs nés, comptaient bien s’inviter au cœur du duel annoncé entre Audi et Toyota, deux constructeurs qui peuvent compter sur leur expérience récente de la catégorie LM P1 aux 24 Heures du Mans. Porsche était bien préparé, c’est certain, à l’image des 1 053 simulations d’arrêt au stand (ravitaillements, changements de roues) effectuées en 2013 ! Mais cela ne suffisait pas et bien que véloces, les deux 919 Hybrid accumulèrent trop d’ennuis mécaniques lors des 24 Heures pour espérer bien figurer même si, en fin de course, celle de Bernhard, Webber et Hartley occupa un bref instant le commandement avant que son moteur ne cède. Seule, finalement, celle de Dumas, Jani et Lieb était classée au onzième rang.
L’équipe continua nnéanmoins à se mobiliser et vint ensuite chatouiller les ténors du championnat au point de gagner l’ultime course de la saison disputée à São Paulo. Une splendide récompense avant les mois d’un hiver particulièrement studieux. Porsche estime en effet que 90 % des pièces de la version 2015 de la 919 Hybrid étaient nouvelles, le but étant de supprimer les défauts entrevus en 2014 (poids, inconstance du comportement ou dégradation excessive des pneumatiques).
 
 
Le début de saison 2015 n’a pas été tout à fait à la hauteur des espoirs même si les 919 Hybrid ont marqué les esprits par leurs performances, à l’image des deux premières lignes sur la grille de départ monopolisées à Silverstone, puis à Spa, deux épreuves remportées par Audi. Après avoir imposé sa marque lors des essais qualificatifs des 24 Heures du Mans, Neel Jani ayant battu le record du tour du circuit dans sa configuration actuelle, Porsche a signé une victoire éclatante avec un équipage de novices au volant de la 3e voiture. Du trio Bamber/Hülkenberg/ Tandy, seul ce dernier avait déjà pris le départ du double tour d'horloge sarthois, mais au volant d’une GT. Si le trio Dumas/Jani/Lieb a été en délicatesse avec ses freins pendant toute la course, les autres titulaires, Bernhard/Hartley/Webber, ont offert un doublé à Porsche, qui a du même coup porté son propre record de victoires aux 24 Heures du Mans à 17. Porsche visait la victoire en trois ans, mais deux auront suffi.
Le reste de la saison fut du même tonneau, le constructeur allemand raflant pole position et victoire à chacune de ses sorties en FIA WEC ce qui lui a permis de décrocher les titres de Champions du Monde d’Endurance des Constructeurs et des Pilotes (Bernhard/Hartley/Webber) en fin d’année 2015.  

Le concept de la 919 Hybrid était suffisamment novateur pour que Porsche puisse encore faire évoluer la voiture et ne ressente pas le besoin de développer une nouvelle monture, contrairement à Audi et Toyota, pour 2016.
 
Avec raison puisque l’arme fatale du constructeur allemand s’est imposée à Silverstone, bien que sur tapis vert suite à l’exclusion d’Audi, grâce au trio Dumas/Jani/Lieb. La voiture des Champions du Monde d’Endurance en titre a en revanche été contrainte à l’abandon après un dépassement mal maîtrisé par Brendon Hartley, victime d’une sortie de piste impressionnante dont le Néo-Zélandais est sorti indemne. La manche de Spa ne fut pas non plus une réussite pour Porsche avec la dernière place de la 919 Hybrid flanquée du n°1 pourtant partie de la pole : après deux crevaisons, la boîte de vitesses a montré des signes de faiblesse. Le trio de la voiture sœur n’osait songer aux points puisque dès le sixième tour, un dysfonctionnement du système hybride était constaté. Bien que beaucoup moins rapide que la concurrence, la 919 Hybrid n°2 a été épargnée par les faits de course et est passée sous le drapeau à damier en deuxième position, permettant ainsi à l’équipage Dumas/Jani/Lieb de conserver la tête au championnat, une place qu'il conservera jusqu'à la fin de la saison grâce, notamment à sa victoire surprise aux 24 Heures du Mans.
 
Surprise car si Neel Jani a réalisé le meilleur chrono, en 3'19"733, lors des essais qualificatifs, s'arrogeant ainsi la pole position, et si la Porsche 919 Hybrid n°2 a échangé, au gré des ravitaillements, la place de leader dès le samedi soir avec la Toyota TS050 Hybrid n°6 d'abord, puis avec la Toyota TS050 Hybrid n°5, ce n’est que dans le dernier tour que Porsche s’impose après le drame subit par Toyota. A l’entrée du dernier tour, la Toyota n°5 s'est immobilisée dans la ligne droite des stands, permettant à Neel Jani de passer et de filer vers la victoire sous les yeux ébahis de Romain Dumas et Marc Lieb, tombés (littéralement) dans les bras l'un de l'autre. En revanche, pour la voiture des Champions du Monde d'Endurance en titre, les espoirs de victoire mancelle se sont envolés le samedi soir à 23 h 13, quand la voiture a été poussée dans son stand à cause d'une température d'eau trop élevée. Malgré le changement de la pompe à eau, le problème persiste. Retour à la case stand : l'auto ne reprendra finalement la piste que vers 2 heures du matin et franchira la ligne d'arrivée en 13e position au classement général.
 
La tendance s'inverse dès la manche suivante au Nürburgring avec un trio Bernhard/Hartley/Webber qui flotte sur son nuage, intouchable avec ses six podiums d'affilée lors des six dernières courses de la saison, et un trio Dumas/Jani/Lieb qui accumule les soucis techniques et la malchance, incapable d'atteindre le podium après son succès sarthois. Toutefois, l'avance au classement prise par l'équipage de la Porsche 919 Hybrid n°2 est telle qu'il sera sacré Champion du Monde d'Endurance à l'issue de la saison 2016, alors que leurs équipiers de la n°1 échouent au pied du podium final malgré leur quatre succès au Nürburgring, à Mexico, à Austin et à Shanghai. Timo Bernhard, Brendon Hartley et Mark Webber, qui a décidé en cours d'année de mettre un terme à sa carrière après Bahreïn, auront néanmoins contribué au titre de Champion du Monde d'Endurance des Constructeurs largement décroché par Porsche pour la deuxième année consécutive.
 
Porsche Team aux 24 heures du Mans 2017 
 
Porsche débute la saison 2017 avec le statut de favori ! Le départ d'Audi de l'endurance laisse Porsche et Toyota en tête-à-tête et permet à André Lotterer, triple vainqueur des 24 Heures du Mans avec la marque aux quatre anneaux, de rester dans le giron du groupe VW en rejoignant l'armada Porsche. Un transfert annoncé lors de la Nuit des Champions, soirée de gala clôturant la saison, tout comme l'éviction de Romain Dumas et du Docteur Marc Lieb du programme LM P1. Les deux étant remplacés par les vainqueurs des 24 Heures du Mans 2015 Earl Bamber, qui fera cause commune avec Timo Bernhard et Brendon Hartley, et Nick Tandy, qui épaulera Neel Jani et André Lotterer. Contrairement à son rival japonais, Porsche opte pour le kit aéro destiné au Mans pour la manche d'ouverture à Silverstone. Handicapés par ce choix, les deux 919 Hybrid sont dominées en vitesse pure, mais des ravitaillements plus rapides et une voiture de sécurité sortie au bon moment permettront aux deux bolides allemands de garder le contact avec Toyota. Ressorti en tête lors du dernier arrêt avec la voiture n°2, Brendon Hartley ne peut toutefois résister à l'ultime assaut de Sébastien Buemi dans la seule Toyota encore en lice pour la victoire. Il doit se contenter de la deuxième marche d'un podium complété par la voiture championne du monde. Bien que partie de la pole, la voiture n°1 est malheureusement absente du podium des 6 Heures de SpaFrancorchamps WEC, qui se sont soldées par un doublé Toyota. Suite à la mise en place d'une procédure de Full Course Yellow, le trio Jani/Lotterer/Tandy, quatrième, a perdu toute chance de succès, tandis que le trio de la Porsche 919 Hybrid n°2, finalement troisième, a perdu du temps en début de course, victime d'une crevaison lente. La collision de Brendon Hartley avec l'Alpine de Romain Dumas n'a pas amélioré la situation car le NéoZélandais, crédité du meilleur tour en course, a été contraint de repasser par la case stands pour changer le museau endommagé de la voiture.  A la recherche d’une première victoire pour cette saison 2017, le constructeur allemand ne laissera pas passer sa chance en Sarthe et partira à la conquête d’un 19e sacre.
 

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