S’il est une marque liée à l’endurance et aux 24 Heures du Mans en particulier, c’est bien Porsche, présent depuis 1951. Cela lui vaut de détenir le records de victoires (17 entre 1970 et 2015 en comptant la Dauer et les TWR/Joest), plus d’innombrables victoires de groupe ou de classe (98 avant l’édition 2013), sans parler des indices, du record de voitures au départ et du record à la distance, resté invaincu entre 1971 (5 335 km pour la 917 de Marko-Van Lennep) et 2010.
 
 
Officiellement absente de 1989 à 1992, l’usine a participé en 1993 et 1994 sous l’appellation « Le Mans Porsche  Team » avant de s’abstenir à nouveau en 1995. Son retour officiel en 1996 a été tonitruant, les deux 911 GT1 accédant au podium tout en dominant leur catégorie. En 1997, la version évoluée de la 911 GT1 a dominé les 24 Heures mais Dalmas/Kelleners/Collard ont vu leur moteur prendre feu à deux heures de l’arrivée alors que la victoire leur semblait promise. La déception de Porsche est atténuée par un 15e succès obtenu grâce au Prototype d’origine TWR engagé par Joest. En 1998, Porsche fête son cinquantenaire et une triste coïncidence veut que Ferdinand « Ferry » Porsche, le fondateur de la marque, soit décédé le 27 mars 1998, à l’âge de 88 ans. Cela fait deux bonnes raisons de vouloir à tout prix l’emporter ! Et pour cela, la marque allemande construit une toute nouvelle GT1 à la coque en carbone. Elle prend aussi directement sous sa coupe l’écurie Joest Racing, engageant également sous le nom de Porsche AG les deux prototypes d’origine TWR, dans lesquels l’ensemble moteur-boîte de la 911 GT1 remplace celui de la 962. Et le succès est une nouvelle fois au rendez-vous puisque la marque allemande s’empare d’un nouveau et dernier succès au classement général avant celui de 2015 avec McNish/Aïello/Ortelli sur la fabuleuse 911 GT1.
Porsche décide finalement d’arrêter son engagement officiel au Mans, laissant depuis ses voitures participer aux mains de clients privés et d’équipes satellites. Le succès continue néanmoins dans les catégories GT, avec sa lignée de 911, ou LM P2 grâce à la formidable RS Spyder. Certaines structures portent même le drapeau de la marque quasi-officiellement à l’image de Team Felbermayr-Proton, responsable de l’engagement des 911 RSR en Le Mans Series, ILMC ou encore Championnat du Monde d'Endurance (WEC), ces dernières années, voitures confiées à des pilotes d’usine.  
 
En juillet 2010, Porsche annonce son retour en LM P1 pour 2014, mais avant de lutter pour la victoire au classement général, l’usine décide d’engager directement ses 911, dont elle fête les 50 ans en 2013. La version 2013 de la 911 RSR toujours basée sur la Porsche 911 (le modèle 991 très exactement) est totalement nouvelle avec un empattement allongé, une suspension avant repensée, une boîte de vitesses plus légère, une répartition du poids améliorée… Pour la piloter, Porsche a envoyé au front ses meilleurs éléments tant du côté pilotes que de celui de  l’encadrement. Ainsi, Romain Dumas, Timo Bernhard et Marc Lieb, que l’on retrouve aujourd’hui dans le baquet des 919 Hybrid, ont œuvré sur la 911 RSR aux 24 Heures du Mans et en Championnat du Monde d'Endurance (WEC) en 2013. L’exploitation en piste est confiée à l’écurie d’Olaf Manthey, véritable bras armé de la marque en compétition depuis une quinzaine d’années.  
 
En 1996, l'Allemand monte une structure auréolée de nombreux titres, à l’image des cinq succès aux 24 Heures du Nürburgring. La recette donne entière satisfaction à Porsche si bien que durant l’hiver l’équipe Manthey Racing est intégrée complètement à la famille Porsche pour devenir Porsche Team Manthey et ainsi poursuivre l’implication dans la catégorie LM GTE Pro sur le moyen terme. Si, lors des premières courses de 2013, les 911RSR ne sont pas en mesure de se battre pour la victoire en LM GTE Pro, les deux exemplaires présentés aux 24 Heures du Mans sont dotés d’évolutions sensibles permettant de lutter en termes de performance avec Ferrari, Corvette et Aston Martin. Résultat : un somptueux et probant doublé sur une piste aux conditions d’adhérence très changeantes, situation idéale pour qu’une 911 fasse la différence avec ses adversaires si l’on sait la maîtriser. Le reste de la saison est plus délicat pour les 911RSR et Porsche décide de faire homologuer une nouvelle version lors de la dernière course de la saison 2013 du Championnat du Monde d’Endurance organisé par l’ACO. La 911RSR « version 2013bis » s’est révélée nettement plus compétitive face aux Ferrari sur piste sèche, la 2e place de Bergmeister/Pilet et la 4e place de Lieb/Lietz récompensant immédiatement le travail mené par les ingénieurs allemands à l’issue des 6 Heures de Bahreïn.
 
En 2014, confiée à l’équipe Porsche North America, la 911 RSR commence l’année en fanfare aux Etats-Unis, remportant la catégorie GTLM du Tudor United SportsCar Championship lors des 24 Heures de Daytona et des 12 heures de Sebring.
L’équipe Porsche Team Manthey ne déçoit pas non plus pour le début de la deuxième année de son implication en Championnat du Monde d'Endurance (WEC), s’imposant lors des 6 Heures de Silverstone, une épreuve interrompue  à 30 minutes de l’arrivée par un déluge de pluie. Au Mans, Marco Holzer et Nick Tandy, dans la maison Porsche depuis plusieurs années, prennent les places laissées vacantes par les pilotes enrôlés dans le programme LM P1, sans oublier le Français Frédéric Makowiecki, dernière recrue de choix d’Hartmut Kristen, le patron de la compétition en GT, qui espère bien conserver le trophée acquis de haute lutte en juin 2013. Ferrari et Corvette barrent finalement la route du sommet du podium aux Porsche.

La fin de saison est compliquée pour Porsche qui parvient néanmoins à terminer deuxième du Championnat. Pour 2015, la 911 RSR est une nouvelle fois modifiée de manière à améliorer la répartition des masses et de soigner l’aéro dans les zones de freinage, améliorations destinées à travailler plus la constance sur les relais que la performance pure.

Avant Le Mans, Porsche a fait le boulot. A Silverstone, la 92 de Makowiecki et Pilet aurait pu l’emporter si un amortisseur n’avait lâché, alors que la 91 se classait deuxième de la catégorie. A Spa, les 911, en difficulté en qualifications, décrochent néanmoins les deuxième et troisième places en LM GTE Pro et ce, malgré trois drive through (un pour la 92 et deux pour la 91). Les Porsche d’usine engagées en TUSCC aux Etats-Unis ont roulé aux avant-postes des quatre premières épreuves de la saison sans toutefois gagner. Ce ne sera pas non plus aux 24 Heures du Mans que Porsche décrochera sa première victoire de catégorie. La course a à peine débuté depuis une heure qu’une fuite d’huile entraîne la casse du moteur de la 911 RSR n°92, qui prend feu. Après quelques secondes qui paraissent une éternité tant la quantité de fumée est impressionnante, Patrick Pilet parvient à s’extraire, indemne. Comme Corvette, Porsche ne dispose plus que d’une voiture pour défendre ses chances.  
 
Alors que la 911 n°91 est bien partie pour décrocher la troisième place sur le podium de la catégorie, elle effectue deux arrêts aux stands pour réparer un amortisseur défaillant qui lui coûtent 30 minutes. Rédhibitoire dans une catégorie aussi élevée. Le trio Lietz/Christensen/Bergmeister franchit la ligne d’arrivée en 5e position.

Les championnats mondial et américain semblent bien mal partis, mais ce serait sans compter sur Nick Tandy, victorieux au classement général des 24 Heures du Mans avec la Porsche 919 Hybrid. Le Britannique, qui a retrouvé Patrick Pilet en TUDOR United SportsCar Championship, aligne trois victoires d’affilée en GTLM (Mosport, Road America, Virginie). Si le duo s’est contenté de la troisième marche du podium sur le Circuit des Amériques texan, il a signé un véritable exploit à Petit Le Mans, en s’imposant au classement général, au nez et à la barbe des prototypes, dans des conditions météorologiques dantesques, alors qu’il était parti des stands suite à une hauteur de caisse non conforme détectée lors des vérifications post-qualifications. Résultat : les titres Pilote pour Patrick Pilet (Nick Tandy n’ayant pas participé à toutes les manches), Constructeur et Equipe pour Porsche. Une véritable razzia qui préfigure celle du FIA WEC du mois suivant.

En effet, après la déconvenue des 24 Heures du Mans, Porsche reprend espoir grâce aux doublés du Nürburgring et du Circuit des Amériques, le duo Lietz/Christensen ayant devancé la paire Pilet/Makowiecki. A Fuji, l’escadrille Porsche doit se contenter des deuxième et quatrième places à cause d’un arrêt supplémentaire par rapport aux Ferrari afin de chausser les pneumatiques adéquats. Ce n’est que partie remise puisque dès Shanghai, le duo austro-danois grimpe à nouveau sur la première marche du podium, tandis que la paire française fait de même à Bahreïn. L’avance de Richard Lietz (Michael Christensen n’a pas disputé l’épreuve belge) était telle que la 5e place finale était suffisante pour qu’il s’adjuge la Coupe Endurance FIA des Pilotes GT, tandis que Porsche s’arrogeait la Coupe Endurance FIA des Constructeurs GT et le Trophée Endurance FIA des Equipes LM GTE Pro. Porsche n’aurait pu rêver mieux.

Pourtant, le constructeur allemand décide de ne pas aligner de voitures officiellement en 2016, tandis qu’Olaf Manthey souhaite prendre du recul et se consacrer uniquement au championnat allemand VLN. C’est l’équipe Dempsey-Proton Racing qui a donc été chargée de porter les couleurs de Porsche, qui a préféré se concentrer sur le développement de la remplaçante de la 911 RSR actuelle, mise en conformité avec le nouveau règlement technique entré en vigueur en début d’année. Avec une seule voiture face à ses rivaux, Porsche ne pouvait espérer briller au classement Constructeurs GTE. En attendant l’arrivée de la nouvelle voiture pour 2017, le constructeur de Weissach a aligné deux 911 officielles aux 24 Heures du Mans, mais a dû abandonner avant la mi-course après une casse moteur pour la voiture n°91 et un bris de suspension sur la voiture n°92.  
 
LeMans 2017 Porsche LMGTE Pro 91
 
LeMans 2017 Porsche LMGTE Pro 92
 
En 2017, c'est donc avec impatience que la nouvelle 911 RSR, qui a troqué le moteur arrière de ses aïeules pour un moteur central tout en conservant un moteur atmosphérique, était attendue, que ce soit en FIA WEC ou en IMSA WeatherTech SportsCar Championship, les deux championnats où Porsche est impliqué officiellement. Après un bon départ outre-Atlantique avec une deuxième place aux 24 Heures de Daytona et une troisième place aux 12 Heures de Sebring, les deux premières manches du FIA WEC ont été plus compliquées pour Porsche. Si Richard Lietz et Frédéric Makowiecki, qui se relaient dans la 911 n°91, sont montés sur la troisième marche du podium à l'issue de la manche d'ouverture à Silverstone, Kévin Estre (n°92) a été contraint de s'arrêter sur le bord de la piste lorsque des flammes ont commencé à s'échapper de l'arrière de la voiture. Ce dernier, assisté par Michael Christensen cette année, a été crédité du meilleur tour en course à SpaFrancorchamps, mais aucune des voitures n'a pu se mêler à la bagarre pour la victoire de la catégorie LMGTE Pro. Pour les 24 Heures du Mans, Patrick Pilet (n°91) et Dirk Werner (n°92), tous deux engagés aux Etats-Unis pendant le reste de la saison, renforceront les rangs de l'escadrille Porsche qui tentera de renouer avec la victoire après quatre ans d'attente.

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