Hugues DE CHAUNAC, patron du team ORECA, a organisé un petit-déjeuner presse le jeudi 9 décembre, dévoilant ainsi les grands traits du retour de son équipe au Mans, marqué par l'engagement d'une Audi R8. Morceaux choisis.
 
 
 

AUDI – UNE VERITABLE MACHINE A GAGNER
«Leurs points forts sont une fiabilité extraordinaire, des arrêts aux stands très courts avec une voiture pensée pour des interventions extrêmement rapides, une consommation faible.. La technologie Audi est, là aussi, en en avance par rapport aux autres.
 
L’idée n’est pas de faire un one shoot en 2005, mais d’être de construire sur le moyen terme.
Début 2004, je souhaitais revenir sur les 24 Heures du Mans. A cette époque nous n’avions d’autre choix que de concourir en GT ou de trouver un accord nous permettant de prétendre à la victoire au général [proto]. Bien qu'il y ait eu des discussions avec Maserati qui s’est lancé dans un programme important, [..] j’ai cependant abandonné cette piste dans le courant de l’été.»
 
L’IDEE
«Lors des 24 heures du Mans 2004, j’étais en première ligne pendant la course en temps que commentateur pour France Télévision et la fin de course, captivante, n’a fait qu’accélérer ce que je pensais : il manque une équipe française dans cette bataille entre le Japon et l’Angleterre. J’ai eu une brève conversation sur ce sujet avec le docteur Ullrich à l’arrivée des 24 Heures du Mans.»
 
UN DEFI FRANÇAIS
L’idée est celle «d’un défi français autour de 3 pilotes français capables de gagner sur le papier.»
 
AUDI OFFICIELLE ?
«La règle Audi est très claire : il n’y a pas d’Audi privée. La première année, le Team Audi Sport se charge lui-même de l'engagement de la voiture avec tout son staff et c'est ensuite qu'il le confie à ses filiales, sous réserve d’un choix d'équipe réunissant toutes les compétences, qui soit accepté puis validé par Audi Sport puis par Audi Allemagne.»
 
EXELLENTE IDEE
Le docteur Ullrich m' dit : «c’est une excellente idée, il faut y aller !», A partir de là j’ai constitué un tour de table sachant qu’avec le soutien d'Audi Sport et Audi Allemagne j’ai très vite obtenu le feu vert d'Audi France. [ ..]
 
SOUTIEN
«Sur cette opération, nous avons le soutien complet de l’usine. Chaque fois que nous allons mener une séance d’essais, une course, les motoristes allemands seront là. Ce sont les ingénieurs allemands qui vont aider notre équipe au départ, durant les séances d’essais.

Nous avons à disposition l’ensemble des informations et données qu'ils se sont constitués durant les trois dernières années lors des 24 Heures du Mans. Nous travaillons à livre ouvert, ce qui est exceptionnel et témoigne une grande preuve de confiance. A ce niveau là j’ai été agréablement surpris de l’image flatteuse qu’Audi a de notre team « ORECA.
Nous recevrons la voiture fin décembre et travaillerons à partir de janvier en relation étroite avec les ingénieurs d’Audi, de manière a ce que nos ingénieur connaissent parfaitement la voiture en février ». L'échange d’informations sera total : « nous saurons à quel moment il faut changer la boite, a quel momentchanger le moteur. Nous aurons une assistance moteur complète, sans avoir un nombre de moteur comptabilisé. Nous avons tous les moteur qu’il faut pour pouvoir assurer […].»
 
0 RETENUE
«Il faut avoir tous les outils pour gagner et comme on nous ne sommes jamais sûr par avance, si on ne gagne pas, il ne faut avoir aucun regret.»
 
CULTURE ORECA
«Il était important pour le groupe ORECA de pouvoir développer un certain nombre d’activité marketing qui puissent permettre d’être à la pointe de ce qui se fait en sport automobile. Il faut savoir qu’en ce moment, il y a un grand décalage entre la technique et l’exploitation marketing qui en est faite. Quand on regarde ce qui se passe dans certains sports comme la voile, la Coupe de l’América ou le Vendée globe, il y certes la partie sportive mais aussi la partie communication et exploitation qui donne une valeur supplémentaire au produit.
 
En sport automobile, y compris en formule 1, il y a un retard énorme. Techniquement, […] nous en sommes très très loin. Il y a foultitude de bureaux d’études, de techniciens, d’ingénieurs. Regardez une équipe de formule 1, elle tourne entre 500 et 800 personnes, [..] mais avec seulement 10 ou 15 détachées sur la partie marketing. Nous voulons aller complètement de l’avant, chercher des nouvelles idées et de nouveaux produits. [..] Aujourd’hui il faut partir du principe qu’intéresser un annonceur pour avoir de la visibilité sur une voiture, c’est terminé [.] Pour les budgets dont nous avons besoin pour réussir des défis comme celui là, car nous avons besoin d'un financement important. Il faut, comme les grandes équipes de sport professionnelles de basket ou de foot, [..] que nous soyons beaucoup plus fort au niveau marketing. Il faut définir de nouveau produits,les conceptualiser, bien communiquer autour pour, ensuite, mieux les commercialiser.»
 
COMBIEN DE VOITURES POUR COMBIEN DE COURSES
«Une voiture pour les 24 Heures du Mans évidemment et, de façon certaine, les 1000 KM de SPA ; de façon très probable aussi, la participation à la série LMES.
Aujourd’hui, c’est un plan sur une voiture, mais si je peux faire plus …
L’important pour moi était de mettre tout de suite en place le challenge : un défit, une voiture, trois pilotes français. Il fallait être d'emblée complètement dans les temps pour être sûr, techniquement, d'avoir tout ce qu'il nous fallait pour ensuite construire. Si, au fur et a mesure que les mois et les semaines passent, nous avons d’autres possibilités, ça sera tant mieux.
 
ENGOUEMENT pour LE MANS
«Le projet a créé à l’intérieur d’Oreca un engouement incroyable parmi les 180 personnes. Tout le monde a envie d’aller à la bagarre.»
 
LA MISSION
«La mission principale des ingénieurs d’Oreca sera d’être sûr que l’on soit à zéro faute, en terme d’assistanced’interventions sur la voiture, en échangeant avec les responsables d’Audi. La voiture est fiabilisée mais il faut que l équipe soit au maximum de ce qu’elle peut faire en terme d’interventions. L’un des cahier des charges que j’ai donné à l’équipe technique est de réfléchir et d’étudier tout ce qui s’est passé sur les Audi depuis 4 ans, analyser chaque Pit-stop, regarder comment cela c’est passé de façon a ce que nous arrivions avec une sérénité totale et qu’il n’y ait pas de faille. Une roue mal serrée, un ravitaillement mal fait, ça coûte immédiatement une course.»
 
LE CHASSIS
«Nous allons avoir le châssis n°604 (ndlr : celui de l'Audi n°88, 2ème à l'arrivée des "24 Heures du Mans" 2004) qui était chez Veloqx. Il est repassé chez Audi sport pour vérification. Chez Audi, toutes les pièces ont un kilométrage. Seules la plaque et la coque de châssis on fait les 24 Heures 2004, le reste est neuf.»
 
3,5 MILLIONS D’EUROS
«Le budget est d'environ 3,5 million d’euros ce qui permet de faire les 24 Heures du Mans et les 4 courses LMES. Nous avons rempli 2/3 de l’objectif pour le moment [.] A neuf mois de la course, c’est une performance.»
 
ET APRES
«Nous restons très humble sur ce projet extrêmement important, qui peut être merveilleux dans le cas d’une victoire ; pas mal si nous sommes sur le podium ; pas bien même si on s’est bien battu mais avons abandonné à un moment X ; mauvais parce que nous avons abandonné après 3 heures de courses… Nous envisageons tous les cas de figures possibles. En même temps, par rapport à Audi ou par rapport à tout autre projet pour LE MANS dans l’avenir, nous aurons le meilleur CV possible, pour continuer avec Audi ou pour convaincre un autre constructeur.»
 
PILOTES
«Audi n’intervient pas dans le choix des pilotes. La décision sera prise courant janvier. Je veux avoir les meilleurs français disponibles et prêt à jouer ce défi, sans chercher à se mettre en valeur personnellement ou se montrer meilleur que les deux autres. Il faut trois garçons hyper soudés, prêts à jouer l'esprit du défi à fond !
Ils devront correspondre à trois critères. Le premier : être performant, c'est-à-dire aller vite sans sortir de la route., Le second : avoir une expérience du Mans. Le troisième : c’est la personnalité du pilote, ce qui est pour moi très important. Le choix sera très difficile à faire. La liste exhaustive et incomplète, pourrait être : Franck Montagny, Stéphane Sarrazin, Nicolas Minassian, Emmanuel Collard, Stéphane Ortelli, Jean Marc Gounon…. Ces garçons sont dans le style, ils ont un grand talent. Je ne cherche pas à assembler 3 vedettes mais plutôt à faire un "team spirit"»
 
QUELLE PLACE POUR ALAIN PROST
«La position d’Alain est très claire. Nous nous voyons très souvent et avons des relations amicales fortes. Nous réfléchissons en permanence à un certain nombre d’idées ensemble. Alain a un intérêt fort sur l’aspect sportif des choses et un intérêt fort pour ce qui est de l’aspect marketing des choses. Il suit le projet. Je lui demande son avis sur un certain nombre de choses. […] Nous n’avons jamais parlé sérieusement de sa présence en temps que pilote tout simplement parce cette course demande une préparation importante et qu’Alain la considère à risque. […] C’est un problème 100% personnelet j'y adhère à 200%».
 
Pin It