Porsche 962C Wollek Van der Merwe SchuppanA partir de 1974, Bob Wollek intègre la concession Mercedes de son père, à la tête du département commercial, tandis que ce dernier se détache de la gestion quotidienne du garage. Un certain nombre de désaccords entre Mercedes et M. Wollek père, qui ne veut pas transmettre les pouvoirs et la propriété de l’entreprise à son fils, aboutissent à la résiliation du contrat Mercedes en mars 1987, avec prise d’effet au 31 mars 1988.

 

L'entreprise est dans une période délicate
 
Alfred Wollek décède en novembre 1987 et Bob, mis à l’écart par son père depuis un peu plus d’un an, devient PDG en décembre et s’attaque d’une part à la restructuration de l’entreprise en vue de la période de  crise à venir, et d’autre part à la recherche de nouvelles marques à représenter. Une fois contacté l’ensemble de constructeurs, il est apparu que la plupart d’entre eux étaient liés avec leurs concessionnaires pour des durées encore relativement longues.

L’entreprise traverse une période noire, durant laquelle elle n’a aucune marque à représenter, mais ses dirigeants décident de ne pas baisser les bras et de poursuivre l’activité soit jusqu‘à ce qu’une nouvelle marque soit trouvée, soit jusqu’à épuisement des réserves…..
 
 

Côté piste
 
L’usine Porsche s’est quelque peu retirée du championnat du monde d’endurance mais elle n’abandonne pas les 24 heures du Mans. Trois Porsche officielles sont engagées. La première #17 pour Stuck-Bell et Ludwig., la seconde #18 pour Bob Wollek, Van der Merve et Schuppan et la troisième pour la génération Andretti. Elles relèveront le défi face à cinq Jaguar et deux Mercedes dont c’est le grand retour.

Est-ce la bonne année pour le pilote alsacien ?  Bob Wollek ne se fait pas une fixation sur l’épreuve Mancelle, mais intérieurement c’est pour lui une motivation très importante.

Il est prêt, motivé et affuté. Il vient de terminer deuxième sur une 962 à Hockenheim et  5ème d’une manche Imsa à Mid-Ohio aux côtés de Mauro Baldi.
« Sans doute aurions-nous pu mieux faire, car Mauro n’était pas en très grande forme. Il n’était pas normal que je sois de trois secondes plus rapide que lui »

Baldi sera pour Le Mans sur une Mercedes. Bob Wollek reste fidèle à Porsche et fait équipe avec Vern Schuppan et Van der Merve, ce qui ne l’enchante pas plus que ça.
« Non pour des questions de complémentarités, mais simplement pour des problèmes de taille. Il eut été plus judicieux à mon sens de regrouper les pilotes de grandes corpulences dans une voiture et les petits dans l’autre. Cela aurait évité les changements de siège toujours néfastes à une bonne conduite ».

Les 962 officielles ont quelque peu évoluées depuis l’an passé, avec une électronique issue du programme F1.
« La nouvelle électronique, les modifications de carrosserie, la nouvelle mise en place des radiateurs de refroidissement, tout concourt à augmenter encore la puissance des moteurs, les reprises à bas régimes et à diminuer la consommation ».

Dominant très nettement le début de la saison avec quatre victoires en quatre courses de championnat du monde (Jarama, Jerez, Monza et Silverstone), les jaguars ont les faveurs des pronostics. Porsche vainqueurs des 6 dernières éditions possède de sérieux atouts, dont l’expèrience. Mercedes enfin vient compléter une affiche ou une quinzaine de voitures peuvent disputer la victoire.

 « Jaguar a du mal à dépasser les 1000 kilomètres. Ce n’est pas parce que le constructeur britannique à l’avantage du nombre qu’il peut être assuré de vaincre. »
 
 
 

« Les Mercedes ont tout à prouver sur leur fiabilité. Elles ont déjà démontré leur vitesse et les deux équipages qui les conduisent sont performants » commente Bob Wollek.

Bob quitte le garage à la dernière minute pour Le Mans.
 
24 heures du Mans 1988 Porsche 962C Wollek

 
 
Les essais

La ligne droite a été resurfacée, c’est un véritable billard et Hans Joachim Stuck chronométré à 391 km/h dans les Hunaudières établi un nouveau record du circuit. Bob Wollek réalise le deuxième chrono de cette première journée bien que gêné par le trafic.
 
Les Jaguar sont en retrait, Porsche a pu le temps de quelques tours forcer sur la pression du turbo.
 
 
Première journée

1)    Stuck (Porsche 962C) 3’15’’64 2) Wollek (Porsche 962C) 3’18’’62 3) Andretti (Porsche 962C) 3’22’’41 4) Brundle (Jaguar XJR9) 3’23’’40 5) Lammers (Jaquar XJR9) 3’23’’74 6)Lees (Toyota 88C) 3’26’’13 7)Watson (Jaguar JR9) 3’27’’33 8)Winter (Porsche 962C) 9’28’’47

Mercedes abdique par mesure de sécurité. Cette décision a été prise après l’éclatement à grande vitesse pour des raisons indéterminées du pneu arrière gauche de la voiture pilotée par l’allemand Klaus Niedwiecz.
 
WM pensait dépasser la barre des 400 km/h en vitesse de pointe mais le radar n’a pas fonctionné, la tentative sera retentée durant la course.
 

La grille de départ

1-    Stuck/Ludwig/Bell – Porsche 962C -  3’15’’64  (250,164 km/h)
2-    Schuppan/Wollek/Van der Merve  – Porsche 962C -  3’18’’62
3-    Andretti Mario/Michael/John  – Porsche 962C -  3’21’’77
4-    Brundle/Nielsen – Jaguar XJR9 – 3’21’’78
5-    Winter/Jelinski/Dickens – Porsche 962C – 3’23’’30
6-    Wallace/Lammers/Dumfries – Jaguar XJR9 – 3’23’’74
 
 

56ème édition des 24 heures du Mans – samedi 11 juin -  15 heures


Bob Wollek est le plus prompt au baissé du drapeau et dans la courbe Dunlop, il devance Stuck, Andretti, Brundle et Lammers.

A la fin du premier tour, Stuck et Lammers devancent l’alsacien.

Dés la 5ème minute, Brundle effectue un tête à queue sans dommage.

7ème passage, Lammers est en tête mais les ténors se tiennent dans un mouchoir de poche.

Les records du tour s’enchainent 3’24’’32 puis  3’23’’45 pour Wollek, 3’22’50 pour Stuck  

La bataille se déroule sur la piste mais également aux stands ou la stratégie règne. Les voitures disposent d’une allocation de 2500L de carburant qu’il faut gérer au mieux sur la durée de la course. Les Jaguar vont ravitailler après 40 minutes de course alors que chez Porsche on cherche à retarder les ravitaillements au maximum.

15h46 Les trois Porsche s’arrêtent dans le même tour pour ravitailler. C’est la panique dans le clan germanique. Wollek arrive le premier, Stuck le déborde et se range un peu en vrac obligeant le pilote français à patienter derrière. La gestion du carburant  est plus osée chez Porsche, une stratégie risquée puisque qu’il reste peu d’essence dans les réservoirs au premier ravitaillement.

Nielsen sur la Jaguar n°1 par en tête à queue à Indianapolis.

17h00 Jaguar n°2 – Porsche n°17 – Porsche n°19 – Porsche n°18

17h30  Klaus Ludwig est concentré sur la piste et dans le feu de l’action ne remarque pas le panneau lui indiquant de rentrer au stand. Les premiers signes d’une panne sèche se manifestent peu après Mulsanne. Dans les virages Porsche, le pilote zigzague pour tenter d’alimenter son moteur avec les dernières précieuses gouttes et c’est au démarreur qu’il rejoint finalement les stands. C’est un avertissement sans frais.

18h00 Jaguar n°2 – Porsche n°18 – Porsche n°19 – Jaguar n°21

19h00 Wollek reprend la tête mais la Jaguar reste au contact. C’est un mano à mano.
 
 
24 heures du Mans 1988 - Porsche Joest 18

 
21h00 La Porsche de Van derMerwe, Schuppan et Wollek est en tête avec 14 sec 96/100 d’avance sur la Jaguar de Lammers, Dumfries er Wallace.

22h00 Après 7 heures de course, la Porsche n°18 est toujours en tête et possède 2’09’’20 d’avance sur la Jaguar n°2 et 1 tour sur la famille Andretti.

Les positions évoluent peu. Porsche Joest et Jaguar sont au coude à coude,

L’horloge Porsche n°18 se dérègle. Des soucis moteurs contrarient ses pilotes, on tente d’y remédier en changeant les bougies mais le mal se révèle plus profond et sans remède.

2h39 C’est l’abandon....  c'est une nouvelle fois Bob la poisse !!!

La Jaguar n°2 va remporter une brillante victoire et la Porsche n°17 bien qu’ayant 8 minutes perdue avec sa quasi panne sèche est remontée pour échouer finalement à 3 minutes du vainqueur. Les Porsche à la fiabilité légendaire ne sont donc pas infaillibles. Bob Wollek en fait hélas les frais. Il a une fois de plus mené une bonne partie de la course et la victoire semblait (une fois de plus) lui tendre les bras.
 


Du côté du garage de la place d’Haguenau, la situation semble en voie de s’éclaircir et le constructeur se nomme…. Jaguar.

En juillet 1988, un contrat de concession exclusive pour le Bas-Rhin est signé avec Jaguar-France, dans le cadre d’une entité nouvelle contrôlée à 51% par SELECT STATION SERVICE JAGUAR STRASBOURG.
 
 

 
Les arrêts de la Porsche 962C n°18
 

Heure

Pilote

Arrêt

Carburant

15h00

Wollek

Départ

100L

15h45

Wollek

0h03

90L

16h32

Schuppan

0h02

85L

17h23

Van der Merwe

0h02

99L

18h10

Wollek

0h02

84L

18h57

Wollek

0h02

85L

19h44

Schuppan

0h02

93L

20h35

Van der Merwe

0h03

90L

21h26

Van der Merwe

0h01

91L

22h16

Wollek

0h02

90L

23h07

Wollek

0h03

91L

23h31

Schuppan

0h01

41L

00h15

Schuppan

0h02

77L

01h07

Van der Merwe

0h02

89L

01h59

Van der Merwe

0h02

88L

02h39

 

Abandon

 

 



Bibliographie
Dernières nouvelles d'Alsace / Bernard Delattre
Archives de la ville de Strasbourg
Médiathèque André Malraux de Strasbourg
Annuels 24 heures du Mans Christian Moity / Jean Marc Teissèdre
 
Photos
Jean Claude Hatet / Dominique Clousier

 

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