Le Mans 1983, la Sthemo CJ 01 no 64 Produziert im Elsass

Le Mans 1983 Sthemo no 64 Hubert Striebig est un homme d’affaire Wissembourgeois, dont l’entreprise est spécialisée dans le transport. Sa passion? le sport automobile. Sa première participation aux 24 heures du Mans date de 1974. Fidèle à l'épreuve Mancelle, il engage au départ de l'édition 1983 une toute nouvelle voiture, la STHEMO.

 

Il n'y avait pas eu de prototype Alsacien engagé au Mans depuis les Bugatti victorieuses en 1939.

STHEMO est la contraction de STriebig, HEuclin MOesinger.  C’est un nouveau prototype construit à Wissembourg par son pilote, Hubert Striebig et un ingénieur allemand, Rudi Moesinger.

Rudi Moesinger est l’un des créateurs de la TOJ.

Jacques Heuclin est député maire de Pontault-Combault (77).

 

Voies, empattements, portes moyeux proviennent de la TOJ, la carrosserie anguleuse est signée par le Strasbourgeois, Paul Baquet. Plus de 2000 heures de travail et un budget de l’ordre de 600.000 francs. La Périphérique, les Maisons Noël, les extincteurs Rot et les prêt-à-porter Picancel apportent leurs soutiens financiers à l’opération.

Le Mans 1983 Sthemo no 64

photo Dernieres Nouvelles d'Alsace

 

La voiture est inscrite en Groupe C Junior, poids plume de 705 kg et motorisée par le 4 cylindres BMW de 2190cc.

 

La nouvelle voiture est présentée lors des vérifications techniques. « La première séance d’essai sera importante. Il s’agira de travailler le plus sérieusement et le plus efficacement possible pour adapter la voiture au circuit. Compte tenu de la nouveauté de la voiture, je sais que nous connaitrons de multiples problèmes. Mais j’ai bon espoir.» reconnait le pilote alsacien.

 

Les qualifications

 

« J’ai réalisé 4’08’’, mes coéquipiers Jacques Heuclin et Noël Del Bello ont tourné en 4’25’’. J’aurais pu améliorer mon chrono si je n’étais tombé en panne d’essence sur le circuit au moment du test de consommation que nous nous étions imposé. La voiture est fantastique, agréable à conduire. La sobriété des lignes la rend séduisante. Pas de problèmes de stabilité. Au niveau du poids, sans que nous ayons cherché à le combattre systématiquement, nous sommes bons : 705 kilos en ordre de marche, la limité inférieure étant 700 kilos. Certes il y a du travail de fignolage, de réglage à faire, mais je serais des plus confiants si nous n’avions pas rencontré un inquiétant problème de moteur ».

 

« Entre les deux séances d’essais, nous avons été obligés de changer de 4 cylindres. Pour jeudi soir, nous avons utilisé notre moteur de course et au 3ème relais, nous avons été contraints de nous arrêter. Il y avait un trou dans un piston sans que la culasse ait souffert. Cela remet tout en question. Si nous ne trouvons pas de moteur ou de pièce de rechange, il nous sera impossible de prendre le départ. Nous sommes la seule équipe à utiliser un tel moteur au Mans. Impossible d’en trouver un sur place. Mon préparateur allemand Weigel n’en a aucun en réserve. Notre seule chance c’était l’usine. Hélas pour nous, aujourd’hui elle est fermée en raison d’un jour férié en Allemagne. Aussi sommes-nous dans l’expectative ».

4’08’’05 pour Hubert Striebig, 5ème temps du groupe C junior

4’25’’14 pour Noel Del Bello

4’25’’82 pour Jacques Heuclin

 

Vendredi 22 heures, dans le parc des concurrents, les mécaniciens de l’équipe STHEMO d’Hubert Striebig travaillent. Ce dernier a finalement trouvé un moteur de remplacement. Les deux premiers avaient cassés aux essais. Weigel, le préparateur allemand vient de lui livrer un nouveau moteur par avion spécial. L’opération de remplacement durera jusqu’à l’aube dans une ambiance polyglotte entre les mécaniciens de Weigel, de Heuclin et de l’infatigable Moesinger, concepteur et réalisateur de la barquette rouge.

 

Samedi 11h30, tout est prêt pour la séance d’essais libres. Ayant peu tourné lors des séances officielles, c’est la dernière occasion de parfaire la mise au point. Hélas l’embrayage refusa de fonctionner. Le pilote Wissembourgeois s’élancera sans embrayage. De retour au stand après quelques tours, les mécaniciens ivres de fatigue se remirent à l’ouvrage. La STHEMO no 64 se place sur la 22ème ligne de la grille de départ.

 

La course

« Mon premier relais sera prudent, je ne connais pas les limites de la voiture et je vais parachever le rodage du moteur ».

A la fin du 1er tour, il s’arrête au stand 20’’ pour effectuer un rapide contrôle. Il reprend la piste pour 45 minutes avant de s'immobiliser 17 minutes pour permettre aux mécaniciens de changer les soufflets protecteurs des cardans. "Une idiotie, au moment du démontage du moteur après les essais, quelqu'un les a carrément déchirés au lieu de les dévisser" lance Rudi Moessinger.Hubert Striebig cède sa place à son coéquipier Jacques Heuclin. 

 

Hélas, Heuclin s’arrête à Mulsanne. « Le moteur ratatouillait, j’ai eu peur de casser le moteur ». Après 20’ d’immobilisation, Heuclin parvient à ramener la voiture au stand. On cherche on cherche mais on ne trouve rien. Jacques Heuclin enchassé sans sa combinaison rouge et son harnais de sécurité, le casque sur la tête tente de conserver son calme. Dans le box, c'est la panique. Hubert Striebig reprend le volant pour un nouveau tour au ralenti avant de rentrer au box. On change les bougies, le boitier électronique et on contrôle l’allumage. 14’ seront perdues. Il repart pour un nouveau tour au ralenti, mais le mal n’est pas résolu... Retour au stand pour 6 minutes d'arrêt supplémentaire.On change alors la tête de l’allumeur, nouveau tour au ralenti mais rien n’y fait.

 

Hubert Striebig est à deux doigts de jeter l’éponge. Finalement l’origine de la panne est trouvée. Le capteur d’allumage avait un défaut. Avant dernier de la course, à 20h00 le moral revient.Mais avec 26 tours de circuit, soit 354 km en 6 heures, c'est une moyenne de 2CV. Heuclin n'a effectué qu'un seul tour et Del Bello n'est pas encore monté dans l'auto.

 

Heuclin tourne à son rythme puis s'arrête à 22h30 pour un ravitaillement normal. Au moment de repartir, impossible de remettre le moteur en marche. Encore une fois, impossible de trouver la panne. Les mécaniciens échangent le dossards (quatre d'entre eux ont le droit de travailler en même temps sur la voiture). On change par deux fois la batterie et l'allumeur, rien n'y fait. Quarante minutes de panique et enfin le moteur se fait entendre. Heuclin repart pendant que Striebig et sopn préparateur Weigel s'accorde un instant de repos. Il est environ minuit, Heuclin ravitaille, il est en 39eme position (sur 41) et à couvert 59 tours (804 km). On change les pneus arrières et Del Bello s'installe au volant, mais la Sthemo refuse une nouvelle fois de démarrer. Les mécaniciens d'énervent. On s'invective en français, en allemand, en anglais, en Argot, en Alsacien... et on rappelle en catastrophe Weigel. Il poussa un juron. Dans sa hâte de bien faire, un mécanicien avait inondé le moteur avec de l'eau. Tout le système électrique est noyé. La Sthemo reprend finalement la piste. Ainsi passa la nuit. Hubert Striebig roule tranquillement et cède le volant à Heuclin vers 6 heures du matin. 71 tours sont couverts, soit 967 km. Hélas l'aventure va s'arrêter à Mulsanne.

Le moteur à rendu l’âme après 15 heures de course et 71 tours couverts. C'est l'abandon.

 

Meilleur tour en course par Hubert Striebig en 4'18''9

 

L’objectif est maintenant de mettre en chantier un 2ème exemplaire. Concernant la motorisation, des contacts sont en cours avec un motoriste français qui s’est vivement intéressé à l’expérience. Ce motoriste conçoit un moteur turbo pour une berline destinée à concurrencer la R5 Turbo en rallye.

 

Bibliographie

Les dernières Nouvelles d'Alsace - Propos recueillis par Benard Delattre 

 

Pin It